Précarité, chômage, recherche d’emploi, insertion, aides sont des termes très actuels.
Parce que les crises économiques ne cessent d’être et que chacun de nous au cours de sa vie, peut de près ou de loin y être confronté.
En parler, se rencontrer, s’organiser, c’est déjà agir et résister pour enrayer ces mécanismes.
C’est pourquoi, la MJC-MPT, en partenariat avec la Médiathèque de Montalieu - Vercieu ont souhaité accueillir l’exposition « Rompre le silence, Mémoire de Chômeurs et Précaires en Isère (1975-2008) » dans leurs locaux.
En complément de cette exposition, nous organisons une soirée débat autour du film « La rue est dans la nuit comme une déchirure », à laquelle nous vous invitons.
Cette soirée aura lieu le
Vendredi 24 avril 2009
à 20h,
Auditorium Ninon Vallin
(Montalieu – Vercieu)
Présentation du film:
La rue est dans la nuit comme une déchirure
Page, Plan séquence, Conseil général de l’Isère, 2007.
Réalisé par Alain Massonneau et Catherine Page.
« La rue est dans la nuit comme une déchirure, c’est l’histoire de la création d’une association, GALLO, racontée au prisme du portrait de son principal fondateur Christian Devaux. Christian, je l’ai rencontré en 1994, au Comité de chômeurs de la région grenobloise. Il y avait Lucien et Claire. Nous avions en commun d’être en mauvaise posture. Christian m’apparaissait comme très militant, très grande gueule, très en difficulté… très sans avenir. J’ai fait un petit bout de chemin avec eux, puis j’ai pris une autre route. Au printemps 2005, je tombe sur Christian et Lucien à un arrêt de tramway. Après les bonjours, oh ça alors, quelle surprise et autres si je m’attendais à… sont venus les qu’est-ce que tu deviens… Je fais des films, des films documentaires. Et vous ? Et toi ? Christian a monté une association, en direction des personnes en situation de précarité ou de chômage, et avec Lucien, ils animent un atelier d’écriture hebdomadaire. Nous faisons le trajet ensemble. Leurs paroles se précipitent pour me dire… Je suis intéressée, épatée. Je n’aurais jamais pensé, imaginé… Qu’un type comme ça… Eux aussi sont intéressés. Ils m’invitent à venir à l’atelier.
De longs mois se sont écoulés avant que je puisse répondre à leur invitation. Puis je suis venue, accompagnée d’Alain Massonneau. Un soir, nous étions tous les trois, Christian s’est raconté. Nous avons été remués. Nous avons alors assisté à des ateliers d’écriture. Ici quelque chose se passait, autour de l’écriture… Quelque chose d’inattendu de la part de femmes et d’hommes comme ça… que trop souvent on condamne à n’être que des statistiques, des coûts. De femmes et d’hommes comme ça… en précarité, au chômage depuis longtemps… dont on n’attend plus rien, que des justificatifs à fournir, des papiers à remplir…
Chômeur ce n’est pas une identité, ce n’est pas une famille, ce n’est pas un peuple… C’est un + un + un +… Un visage, un autre visage, et encore un autre, qui me demande et qui m’ordonne, et envers lequel je suis, nous sommes, infiniment responsables (Lévinas).
Dans les ateliers d’écriture de GALLO, la parole se remet en circulation, les têtes se redressent, et de surcroît certains retrouvent un emploi.
C’est tout ça que nous avons tenté de raconter. Des femmes et des hommes qui nous demandent de les regarder, de les entendre. Christian, une humanité en marche. La vie qui s’accroche. Le désir qui surgit, là où on ne l’attend plus. L’espoir d’un possible.
Possible de prendre sa place dans le cortège, comme un Homme. »
Catherine Page
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